Le texte :

Sacrifices maternels Après avoir quitté La Pologne, Romain Gary s'installe avec sa mère à Nice où ils connaissent des difficultés matérielles. J'étais alors élève de quatrième au lycée de Nice et ma mère avait, à l'Hôtel Negresco, une de ces <<< vitrines >> de couloir où elle exposait les articles que les magasins de luxe lui concédaient chaque écharpe, chaque ceinture ou chemisette vendue, lui rapportait dix pour cent de commission. Parfois, elle pratiquait une petite hausse illicite des prix et mettait la différence dans sa poche. Toute la journée, elle guettait les clients éventuels, fumant nerveusement d'innombrables gauloises, car notre pain quotidien dépendait alors entièrement de ce commerce incertain, Depuis treize ans, déjà, seule, sans mari, elle luttait ainsi courageusement, afin de gagner, chaque mois, ce qu'il nous fallait pour vivre, pour payer le beurre, les souliers, le loyer, les vêtements, le bifteck de midi ce bifteck qu'elle plaçait chaque jour devant moi dans l'assiette, un peu fièrement. Je revenais du lycée et m'attablais devant le plat. Ma mère, debout, me regardait manger comme une chienne apaisée d'avoir nourri ses petits. Elle refusait d'y toucher elle-même et m'assurait qu'elle n'aimait que les légumes et que la viande et les graisses lui étaient strictement défendues. Un jour, quittant la table, j'allai à la cuisine boire un verre d'eau. Ma mère était assise sur un tabouret ; elle tenait sur ses genoux la poêle à frire où elle avait cuit le bifteck. Elle en essuyait soigneusement le fond graisseux avec des morceaux de pain qu'elle mangeait ensuite avidement et, malgré son geste rapide pour dissimuler la poêle sous la serviette, je sus soudain, dans un éclair, toute la vérité sur les motifs réels de son régime végétarien. Je demeurai là un moment, immobile, pétrifié, regardant avec horreur la poêle mal cachée sous la serviette et le sourire inquiet, coupable, de ma mère, puis j'éclatai en sanglots et m'enfuis. Romain Gary, << La Promesse de l'aube >> Gallimard 1960


Les questions:

Etude de texte:
1) A quel genre littéraire appartient ce texte? Justifiez à partir de deux indices dans le paratexte.
2) Qui sont les deux personnages en présence?
3) Précisez le cadre spatio-temporel de l'action.
4) Relevez dans le deuxième paragraphe :
a. Une énumération
c. un adverbe qui décrit la lutte de la mère et un autre qui informe sur son sentiment au moment où elle sert le steak. Délimitez dans le texte l'élément perturbateur Quels indices vous ont-ils permis de l'identifier?
<< Un jour, quittant la table, j'allai à la cuisine boire un verre d'eau >>115 est l'élément perturbateur identifié grâce à l'emploi de l'indicateur temporel << un jour » et au verbe « allai » conjugué au passé simple.
5) Pour quelle raison la mère ne mangeait-elle pas avec son fils?
7) Quels sentiments éprouve le narrateur à la fin du récit? Justifiez en citant le texte. (1pt1/2)

Connaissances linguistiques:
1) Quel temps de conjugaison domine dans ce texte? Donnez-en deux exemples de valeurs différentes que vous préciserez.
2) A quel temps est conjugué le verbe dans « je sus soudain » ? Quelle est la valeur de cet emploi ?
3) Dans le premier paragraphe relevez:
a. Une proposition subordonnée relative et dites sa fonction
b. Deux expansions du nom << hausse »; donnez leur nature et fonction.
c. Un adverbe de temps et un autre de manière
4) Trouvez dans le quatrième paragraphe un verbe à un temps composé. Précisez ce temps et sa valeur
5) Donnez la nature et la fonction des propositions suivantes: . Elle m'assurait qu'elle n'aimait que les légumes Elle en essuyait le fond graisseux avec des morceaux de pain qu'elle mangeait ensuite avidement.

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