Clovece
مومنا
10
10
Séq 1/LA 2/Zola Au bonheur des dames (chap. IV) (1883)
sonné les deux premières tables du soir'; la troisième allait être servie, et dans les rayons, peu à
5 Paris, un ronflement d'ogre repu, digérant les toiles et les draps, les soies et les dentelles, dont on le
crépuscule, avaient éclairé les secousses
suprêmes de la vente, c'était comme un champ
de bataille
gavait depuis
le matin. À l'intérieur, sous le flamboiement des becs de gaz, qui, brûlant dans le
encore chaud du
massacre des tissus. Les vendeurs, harassés de fatigue, campaient parmi la
débâcle de leurs
casiers et de leurs comptoirs
, que paraissait avoir saccagés le
souffle furieux d'un
ouragan. On
longeait avec peine les galeries
du rez-de-chaussée, obstruées
par la débandade des
lainages, on ne passait plus du tout,
Liénard³ sommeillait au-dessus d'une mer de
pièces, où des
chaises
; il fallait enjamber, à la ganterie,
une barricade de cartons, entassés
autour de Mignot; aux
piles restées debout, à
moitié détruites, semblaient des maisons dont un fleuve débordé
charrie les
15 marchait sur les flocons légers des mouchoirs. Mêmes ravages en haut, dans les rayons de
ruines; et, plus loin,
le blanc avait neigé à terre, on butait contre des banquises de serviettes
, on
l'entresol: les fourrures jonchaient
les parquets, les confections s'amoncelaient
comme des capotes
de soldats mis hors
de combat, les dentelles et la lingerie, dépliées, froissées, jetées
au hasard,
faisaient songer à un peuple de
femmes qui se serait déshabillé là, dans le
désordre d'un coup de
désir; tandis que, en bas, au fond de la maison, le service du départ, en pleine activité, dégorgeait
20 toujours les paquets dont
il éclatait et qu'emportaient les voitures, dernier
branle de la machine
surchauffée. Mais, à la soie surtout, les clientes s'étaient ruées en masse ; là, elles avaient fait place
nette; on y passait librement, le hall restait nu, tout le colossal approvisionnement du Paris-Bonheur
venait d'être déchiqueté, balayé, comme sous un vol de sauterelles dévorantes. Et, au milieu de ce
vide, Hutin et Favier feuilletaient leurs cahiers de débit, calculaient leur tant pour cent', essoufflés de
25 la lutte. Favier s'était fait quinze francs, Hutin n'avait pu arriver qu'à treize, battu ce jour-là, enragé de
sa mauvaise chance. Leurs yeux s'allumaient de la passion du gain, tout le magasin autour d'eux
alignait également des chiffres et flambait d'une même fièvre, dans la gaieté brutale des soirs de
carnage.
1 Les deux premiers services des vendeurs qui prennent leur repas à tour de rôle.
2 Vendeur au rayon des gants puis renvoyé. Toujours à court d'argent car il joue aux courses.
3 Vendeur au rayon lainage, paresseux et débauché.
4 Niveau d'un bâtiment situé entre le rez-de-chaussée et le premier étage.
miracle » dans le roman. (elle est au cœur de la première grande vente)
5 Étoffe de soie « à lisière bleu et argent » vendue à partir de 1882 à Paris et considérée comme « la soie
réussite à coup d'intrigues. Son amabilité mielleuse trompe Denise qui s'en croit amoureuse / Favier: vendeur
6 Hutin:
premier vendeur au rayon soie puis second puis premier (chef de rayon) puis renvoyé. Incarne la
au rayon soie, chef de rayon à la fin du roman; cache sous des dehors froids une volonté implacable.
7 Synon. de tantième, pourcentage.
Trouve moi le champ lexical dominant du texte

Répondre :

D'autres questions