Mon isolement était total; seules mes initiatives tapageuses m'ouvraient de temps en temps, l'univers des hommes. J'en étais venu à me contenter de peu; à mes heures d'effondrement, le quêtais une insulte, une claque, un coup de pied. N'importe quoi. Quand nul ne daignait m'adresser la parole, je retournais à mon gite, seul, cruellement déçu. Jusqu'au matin où se présenta à ma porte un chat famélique et las, comme moi. Nos yeux se croisèrent. Je détournai les miens. Comme moi, ce chat puait la saleté et la maladie ; il n'avait probablement pas de maître : dans mon pays, les chats n'en ont point. Je ramenai mon regard dans la direction de l'animal. Celui-ci avait disparu; je courus le rattraper. Je le pris par la peau du coup. Il pédalait mollement. Je lui proposai une branche tiède. De sa patte avant droite il la fit danser puis l'écarta. Je n'avais rien d'autre à lui offrir de nouveau nos regards se rencontrèrent. Le chat se blottit alors contre moi. J'avais un ami. Malick FALL (Ecrivain sénégalais, 1920-1978), la plaie, Albin Michel, 1967. Vous ferez un commentaire composé de ce texte. Vous montrerez comment à travers le style l'auteur fait de la condition du narrateur, une situation pathétique.​

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