résolu

Travaillant au jardin, je vois soudain, à deux pas, un rouge-gorge; on dirait qu'il veut vous parler,au moins vous tenir compagnie: minuscule piéton, victime toute désignée des chats. Comment montrer la couleur de sa gorge? Couleur moins proche du rose, ou du pourpre, ou du rouge sang, que du rouge brique; si ce mot n'évoquait une idée de mur, de pierre même, un bruit de pierre cassante, qu'il faut oublier au profit de ce qu'il évoquerait aussi de feu apprivoisé, de reflet de feu; couleur que l'on dirait comme amicale, sans plus rien de ce que le rouge peut avoir de brûlant, de cruel, de guerrier ou de triomphant. L'oiseau-porte dans son plumage, qui est couleur de la terre sur laquelle il aime tant à marcher, cette sorte de foulard couleur de feu apprivoisé,couleur de ciel au couchant. Ce n'est presque rien, comme cet oiseau n'est presque rien, et cet instant, et ces tâches, et ces paroles. A peine une braise qui sautillerait, ou un petit porte-drapeau,messager sans vrai message: l'étrangeté insondable des couleurs. Cela ne pèserait presque rien, même dans une main d'enfant.Cependant vous parvient aux oreilles, par intermittence, le bruit discret, comme prudent, des dernières feuilles du figuier; celui plus ample mais plus lointain, des hauts platanes¹ d'un parc;c'est la rumeur du vent invisible, le bruit de l'invisible. À l'abri duquel le rouge-gorge et moi vaquons à nos besognes². Lui, le porte-lanterne, l'imprudent, si³ rôde un chat.Philippe Jaccottet, Et Néanmoins, 2001.

Dans une réponse développée et organisée vous expliquerez quels sont les trois sentiments que le poète éprouve dans cette scène .
Vous prendrez notamment appuie sur les figures de style, le champ lexical des sensations, le rythme des phrases pour justifier chaque sentiment.
Mercii

Répondre :

D'autres questions