En ce moment, l'heure sonna, dehors, à l'église, dans le vent nocturne.
- Qui est là ? demandai-je, à voix basse.
La lueur s'éteignit: j'allais m'approcher...
Mais la porte s'ouvrit, largement, lentement, silencieusement.
En face de moi, dans le corridor, se tenait, debout, une forme haute et noire,
un prêtre, le tricorne sur la tête. La lune l'éclairait tout entier, à l'exception
de la figure : je ne voyais que le feu de ses prunelles qui me considéraient
avec une solennelle fixité.
Le souffle de l'autre monde enveloppait ce visiteur, son attitude m'oppressait
10 l'âme. Paralysé par une frayeur qui s'enfla instantanément jusqu'au paroxysme,
je contemplai le désolant personnage, en silence.
Tout à coup, le prêtre éleva le bras, avec lenteur, vers moi. Il me présentait
une chose lourde et vague.
C'était un manteau. Un grand manteau noir, un manteau de voyage. Il me
15 le tendait, comme pour me l'offrir !...
Je fermai les yeux pour ne pas voir cela. Oh ! Je ne voulais pas voir cela !
Mais un oiseau de nuit, avec un cri affreux, passa entre nous, et le vent de ses
ailes, m'effleurant les paupières, me les fit rouvrir. Je sentis qu'il voletait par
la chambre. Alors, - et avec un râle d'angoisse, car les forces me trahissaient
20 pour crier, - je repoussai la porte de mes deux mains crispées et étendues et
je donnai un violent tour de clef, frénétique et les cheveux dressés !

1. Relevez les expressions qui
caractérisent le prêtre. Quelles
sont celles qui peuvent faire
penser que ce personnage n'est
pas réel?
2.Pourquoi la vue du manteau
de voyage effraie-t-elle tant
le narrateur ? Quel genre de
voyage peut-il craindre ?
3.Dans le passage surligné en
jaune, quel type de phrases est
employé ? Quel effet cela pro-
duit-il ?

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