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Technologie d'une calculatrice de poche
Le terme de calculatrices de poche renvoie à une succession d'inventions tant dans le domaine de l'électronique, que de la mécanique des claviers, et de la maîtrise de l'énergie.
Avec l'invention des premiers circuits intégrés, par Jack Kilby (Texas Instruments) et Robert Noyce (Fairchild Semiconductor), au début des années 1960, le développement de l'électronique va donner lieu à une nouvelle logique d'architecture des composants à semi-conducteur. Auparavant, l'invention du flip-flop a permis de passer d'une logique décimale à une logique binaire. De là découle une pensée nouvelle qui se caractérise par la construction de calculatrices basées non plus sur un système d'impulsions décimales, comme la Anita de Bell Punch, mais sur un système binaire à retard.
Les Etats-Unis, l'Angleterre et le Japon sont les principaux pays à avoir innové dans ce domaine. L'Allemagne avec Telefunken , ou les Pays-Bas avec Philips sont les deux représentants d'une Europe hors circuit pour des raisons difficiles à détailler. Ainsi, la France est présente, comme l'atteste le brevet du Commissariat à l'énergie atomique de décembre 1966, par lequel il est présenté l'invention d'un diviseur arithmétique électronique . Le dépôt du brevet du CEA incline à penser que si une politique de développement des calculatrices était envisagée, elle n'a pas était soutenue. Dans l'ensemble l'Europe a plutôt été absente dans cette course technologique, faute d'une industrie électronique lourde. On peut rejoindre ici la réflexion de Jacques Neirynck à propos de l'informatique. " Aussi spectaculaire qu'elle soit, l'invention de l'informatique reste prématurée parce qu'elle s'insère dans un environnement culturel retardataire ". Pour reprendre l'expression de Lê Thành Khôi, les " schémas mentaux " des européens ont longtemps été calqués sur un modèle de pensée mécanique et non électronique . Aujourd'hui, la création du musée Blaise Pascal de la calculatrice mécanique à Clermont-Ferrand en est un exemple supplémentaire.
Les premières calculatrices portables, comme la Sanyo ICC-1122 sont conçues autour d'une électronique des années 1950 pour le clavier et l'affichage, alors que l'intégration à grande échelle des transistors permet de réduire la taille de la carte liée aux calculs. Le clavier est construit autour de relais à lames souples, technique élaborée par les Laboratoires Bell dans les années 1950.
L'affichage est du type à tube individuel au néon à huit segments. Là aussi, cette technologie est plus proche de celle du tube klystron que du transistor. Le délai dans l'allumage des segments témoigne encore d'une technique imparfaite qui veut que le résultat soit affiché le plus rapidement possible. En effet, de nombreux brevets sont destinés à améliorer tant la qualité de l'affichage, que le résultat lui-même. Les premières améliorations concernent la suppression des zéros non significatifs et le positionnement de la virgule flottante.
L'alimentation est toujours assurée par un circuit spécialisé à partir du courant du secteur. Afin de gagner en taille et en place, dans quelques modèles, comme dans la Sanyo ICC-3101, un accumulateur est incorporé de type Nickel-Cadmium. Cela permet une autonomie de deux à trois heures. Bientôt le transformateur est désolidarisé de la calculatrice pour tenir lieu d'accessoire. La moindre consommation des circuits et des afficheurs va permettre le recours à une alimentation par piles, dont la tension va passer de 9 à 1,5 volts en l'espace de quelques années.
L'ensemble est construit dans un format proche de celui d'un dictionnaire, et pour un poids à peu près équivalent. L'énorme avantage de ces machines est d'être silencieuses. C'est d'ailleurs un argument que reprennent les distributeurs dans les réclames. " Ultra-silencieuse, ultra-légère, ultra rapide, et totalement autonome (fonctionne sur piles) ", est-il précisé dans une publicité datant de 1974 . La précision reste tout de même relative puisqu'une simple division de 5 par 9 ne permet pas de retrouver le chiffre de départ en effectuant la multiplication par 5. Deux à trois fois plus chères qu'une machine électromécanique, les premières calculatrices électroniques en reprennent les fonctionnalités.

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