Répondre :

Il eut un geste de la main, comme pour m’imposer silence et, me regardant dans les yeux, il reprit :

- Mon ami John, quand le blé est sorti de terre mais qu’il n’est pas encore mûr, tant que le lait de la terre maternelle est encore en lui, mais que le soleil n’a pas encore commencé à le peindre de ses couleurs d’or, le laboureur arrache un épi qu’il écrase entre ses mains rugueuses, et souffle sur le grain encore vert en vous disant : « Regardez ! C’est du bon blé ; cela promet une fameuse récolte ! »

Je lui avouai que je ne saisissais pas le rapport entre cette allégorie et ce dont nous parlions.
Avant de répondre, il vint me prendre par le bout de l’oreille et, par jeu, le tira, ainsi qu’il en avait l’habitude quand j’assistais à ses cours, des années auparavant. Finalement, il m’expliqua :

- Le bon laboureur parle ainsi parce qu’il sait maintenant que la récolte sera bonne, mais il l’ignorait avant de voir l’épi. Mais jamais un bon laboureur ne déterrera le blé qu’il a semé afin
de voir s’il pousse. Les enfants qui jouent au laboureur agissent ainsi, mais non pas ceux qui cultivent la terre pour vivre. Comprenez-vous maintenant, ami John ? J’ai semé mon blé, et c’est la nature qui doit le faire germer. S’il se met à germer, tant mieux : j’attendrai que l’épi commence à gonfler.

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