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Bonsoir tenez une suite

Le dimanche en question était baigné d'une lumière douce et dorée, qui faisait scintiller les vitraux de l'église où nous nous étions réfugiés. Les cloches tintaient doucement, comme pour rappeler aux fidèles la sérénité de ce jour de repos. Assis sur un banc de bois, je feuilletais distraitement un missel, le cœur lourd de cette attente indéfinie qui marquait nos jours.

L'abbé Pons, toujours en mouvement, s'était approché de moi ce matin-là avec un sourire mystérieux. "Joseph," m'avait-il dit doucement, "il y a un couple qui souhaite te rencontrer. Ils viennent d'arriver. Sois gentil, et montre-toi sous ton meilleur jour."

Mon cœur avait battu plus fort à cette annonce. Qui pouvaient-ils être ? Pourquoi moi, parmi tant d'autres enfants perdus dans cette tempête de guerre ?

L'homme et la femme qui m'attendaient dans le petit salon attenant à la sacristie semblaient étrangement déplacés dans ce cadre modeste. Lui, grand et mince, portait un costume élégant malgré son air fatigué. Elle, une femme d'une beauté douce et rassurante, avait les cheveux coiffés en un chignon soigné. Leur présence dégageait une chaleur rassurante, presque familière.

"Bonjour, Joseph," dit l'homme en me tendant la main. "Je m'appelle Paul, et voici ma femme, Marie. Nous avons entendu parler de toi et... nous espérons que tu accepteras de venir vivre avec nous."

Les mots, bien que simples, résonnèrent en moi comme une promesse de sécurité et de normalité. Nous avons parlé longtemps ce jour-là. Ils m'ont raconté leur vie, leur maison à la campagne, loin des bruits et des dangers de la ville. Ils n'avaient pas d'enfants, et leur désir de m'accueillir chez eux était sincère et profondément ressenti.

Marie m'avait pris la main à un moment donné, me regardant droit dans les yeux. "Nous savons que tu as perdu beaucoup, Joseph. Nous ne pouvons pas remplacer ta famille, mais nous pouvons t'offrir un foyer aimant. Tu seras en sécurité avec nous."

Je me souviens avoir regardé l'abbé Pons, cherchant une confirmation, une approbation. Il avait simplement hoché la tête, son regard rempli d'encouragement et d'espoir.

Ce dimanche-là, je suis parti avec Paul et Marie. Le trajet jusqu'à leur maison fut silencieux mais apaisant, comme si chaque kilomètre nous éloignait un peu plus des horreurs passées. Leur maison, lorsqu'elle apparut enfin, était tout ce que j'avais espéré : un lieu de paix entouré de champs verdoyants et de forêts silencieuses.

Ainsi débuta une nouvelle vie pour moi, sous le toit de Paul et Marie, où chaque jour apportait un peu plus de guérison, de rires, et d'espoir. Et même si les cicatrices du passé mettraient du temps à se refermer, je savais désormais que j'avais trouvé une famille, et avec elle, une nouvelle raison de croire en l'avenir.

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