À huit heures moins un quart, il sortit de la prison, avec tout le lugubre cortège ordinaire des condamnés. Il était à pied, pâle, l’œil fixé sur le crucifix du prêtre, mais marchant d’un pas ferme .

On avait choisi ce jour-là pour l’exécution, parce que c’était jour de marché, afin qu’il y eût le plus de regards possible sur son passage ; car il paraît qu’il y a encore en
France des bourgades à demi sauvages où, quand la société tue un homme, elle s’envante.

Il monta sur l’échafaud gravement, l’œil toujours fixé sur le gibet du Christ. Il voulut embrasser le prêtre, puis le bourreau, remerciant l’un, pardonnant à l’autre. Le bourreau le repoussa doucement, dit une relation. Au moment où l’aide le liait sur la hideuse mécanique, il fit signe au prêtre de prendre la pièce de cinq francs qu’il avait dans sa main droite, et lui dit :

— Pour les pauvres.
Comme huit heures sonnaient en ce moment, le bruit du beffroi11 de l’horloge couvrit sa voix, et le confesseur lui répondit qu’il n’entendait pas. Claude attendit l’intervalle de deux coups et répéta avec douceur :
— Pour les pauvres.
Le huitième coup n’était pas encore sonné que cette noble et intelligente tête était tombée.
Victor Hugo, Claude Gueux

1- Pour quelle raison l’exécution de Claude Gueux est-elle fixée au 8 juin, un jour de
marché ? (0,5 point)
2- a) Lignes 29 à 33, relève l’adjectif qui qualifie la machine sur laquelle est attaché Claude
Gueux. (1 point) b) Cet adjectif est-il péjoratif ou mélioratif ? (1 point)
3- Pour conclure, explique en une phrase l’opinion de Victor Hugo sur la peine de mort. (0,5 point)

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